"J’empruntais assez souvent une grande route que bordait une petite peupleraie sans majesté. Cette dernière exerçait sur moi une attraction particulière et je ne sais pas très bien pourquoi j’ai tant tardé à m’y arrêter. Un soir enfin je m’y suis enfoncée. En lisière de l’énervement du monde, étrangement étanche aux bruits de la route, dans l’odeur des peupliers, c’était un univers. Il émanait du sol comme un ondoiement. Au fond, une haie de cyprès  laissait filtrer quelques lueurs de soleil.  C’est dans cet ailleurs de paix,  de calme, de sécurité que j’ai pris mon appareil photo. J’y suis restée très longtemps ce jour-là, fascinée. J’y suis revenue quelquefois, le charme agissait toujours. Quelques autres images sont nées. J’avais devant moi la perspective du changement des saisons, j’attendais de nouvelles lumières pour assister à la délicatesse des transformations de ce lieu.  Je pensais y retourner encore et encore, plus tard, pour de nouvelles photographies. En passant par cette route un matin, la forêt venait d’être abattue. Il paraît que c’est le sort des peupleraies..." - Anne Pharel

Cette photographie est issue de la série "Sub Noctem" initiée par Anne Pharel en 2014. En utilisant appareil photo argentique comme un pinceau, Anne Pharel cherche à faire circuler l’invisible, à sublimer la disparition et à donner à voir la face cachée des éléments, celle qui échappe à toute perception.

Anne Pharel est vit et travaille en plein coeur de la Provence. Parallèlement à une pratique personnelle du dessin, de la sculpture, de l'écriture et de la photographie, Anne Pharel a participé à la conception et à la réalisation de nombreuses expositions, ainsi qu'à l'élaboration de textes pour divers sites d'artistes et catalogues d'art. Pendant toutes ces années, la pratique silencieuse de la photographie lui a permis de constituer une oeuvre personnelle qu'elle n'a commencé à montrer que récemment. Au cœur de sa démarche artistique, la question du temps qui passe. A travers les objets qu’elle crée, elle cherche à capturer les instants pour les rendre visibles au moment même où ils disparaissent, où ils sont passé et futur confondus. Elle est au cœur de la nature lors de ses déambulations nocturnes pour photographier les arbres, les feuillages, les ruisseaux et les troncs qui ponctuent ces minutes suspendues. Son travail a fait l'objet de plusieurs expositions et fait partie de plusieurs collections publiques et privées, à l'image de la BNF, la Collection RAJA ART ou la Fondation Pierre Salinger. 

La Galerie XII (anciennement Galerie Photo12) fondée en 2007 par Valérie-Anne Giscard d’Estaing est spécialisée dans la photographie figurative contemporaine. Membre du Comité Professionnel des Galeries d’Art, elle s’attache à promouvoir des artistes ayant une forte sensibilité pictorialiste. Elle organise des expositions dans ses murs, participe à des salons internationaux et s’est récemment développée avec l’ouverture de deux nouveaux espaces à Shanghai en 2017  et Los Angeles 2018.